Quark a rencontré Adeline Papon, fondatrice de APAN. Elle vous dévoile comment elle pense et crée du mobilier design.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Adeline Papon, dirigeante de APAN. L’entreprise a été créée en 2015. J’ai un diplôme des métiers d’art à l’école Boule en conception et application métal. Avant cela, j’avais fait quelques CAP en ferronnerie et en monture en bronze.
Que veut dire APAN et que produisez-vous ?
APAN est la contraction de mon prénom et mon nom : Adeline Papon. La petite chose rigolote, sur salon une Suédoise m’a dit que "apan" voulait dire « petit singe » en suédois. Je le place donc souvent ! *rires* Notamment pour la gamme Sarù qui veut dire petit singe en japonais.
Je produis donc du mobilier design Made In France. Je fais des petites séries, des créations sur mesure et des pièces uniques. Pour les petites séries, je fabrique du mobilier qui est fonctionnel, ludique et personnalisable. Les créations uniques que je produis sont faites à partir de matériaux nobles tel que le laiton, le bois, le chêne etc.
Comment êtes-vous entrée dans le monde du mobilier et du mobilier sur-mesure ?
Grâce à ma formation à l’école boule. Par la suite, j’ai travaillé dans une entreprise qui fabriquait du mobilier de luxe. C’était déjà très ancré dans ma tête, je voulais créer mon propre atelier. Après avoir bien appris, j’ai décidé de monter mon atelier de production de mobilier.
Pouvez-vous me décrire votre processus créatif et votre façon de travailler ?
Il y a toujours quelque chose de ludique dans ce que je fais. Mon mobilier s’articule, se démonte, se bouge. Il faut toujours qu’il puisse être fonctionnel.
Je cherche à me diriger de plus en plus vers des matériaux plus écologiques. J’essaye de travailler avec du plastique recyclé et des peintures biosourcées.
Je collabore aussi avec des designers pour apporter un regard professionnel sur la partie assemblage et construction du mobilier. Ils choisissent donc de A à Z comment sera le mobilier (forme, couleurs, matières…)
J’ai des clients qui me demandent des créations uniques. J’essaye donc de comprendre l’ambiance qu’ils souhaitent. Je propose ensuite une réalisation personnelle via des dessins.
Enfin, pour les petites séries, je fais tout de A à Z. Je dessine, fais la conception 3D, la maquette, le prototype et enfin l’exécution de la série.
Pouvez-vous développer le design fonctionnel de votre collection Sarù ?
Pour le projet Sarù, on m’avait fait une commande d’un piètement. Cependant, à l’époque je venais de monter ma boîte. Je n’avais que ma Citroën C1. De ce fait, le piètement ne passait pas dans la voiture ! Mais, il fallait que je fasse ma livraison. J’ai donc réfléchi à une solution. De là, j’ai eu cette d’idée d’empiètement emboîtable et démontable sans fixation.
Comment définissez-vous votre métier, quelles sont les qualités requises ?
Concernant mon métier, quand je travaillais pour quelqu’un d’autre, je faisais de l’exécution. J’avais un style de mobilier à faire et j’exécutais les pièces les unes après les autres. Il fallait donc avoir une maîtrise du geste et un savoir-faire. En étant à mon compte, je dois avec d’une part le savoir-faire, la maîtrise du geste et, d’autre part, une grande imagination pour développer des projets. Il faut donc avoir beaucoup de cordes à son arc. Il faut être commerçant, comptable, commercial, savoir travailler sur ordinateur, savoir utiliser les logiciels et réaliser tout cela à l’atelier. C’est multipass quoi !
Pensez-vous que votre métier va devoir se réinventer ? Notamment avec la pandémie que nous traversons ?
J’ai tenté de digitaliser mon entreprise mais cela n’a pas été très probant. Je me suis un peu noyée dans tout ce qu’il y avait déjà de disponible sur internet. De ce fait, l’année a été un peu compliquée. Mais depuis 4 mois, ça repart plus bien ! J’ai l’impression que les gens ont besoin de retourner vers l’art, vers des choses qui proviennent de France, des produits avec une histoire derrière. Finalement, ce redémarrage est plutôt probant.
Selon vous, la décoration a-t-elle un impact sur nos humeurs et notre bien-être ?
Oui complètement ! Avoir un joli chez soi c’est très important selon moi. Le beau a toujours été essentiel à l’âme des hommes et des femmes. C’est ce que je vois actuellement. Depuis quelques mois les gens sont intéressés par des choses belles et uniques. Ils veulent avoir quelque chose de particulier. Ils passent par moi pour avoir une pièce d’exception. Je pense qu'il est essentiel d’avoir un joli intérieur et de savoir d’où viennent nos produits et comment ils ont été fabriqués.
Avez-vous un projet que vous rêvez de réaliser un jour ?
Il y a plein de projets que j’aimerai réaliser. *Rires* Ce qui m’intéresse, ce serait de sous-traiter les petites séries comme la collection Sarù. Ainsi, je pourrai me consacrer à des pièces uniques. À quelque chose de plus artistique, spécialement dans le design. J’aimerais faire des grosses pièces, et partir sur des œuvres un peu plus monumentales à la demande.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je m’inspire beaucoup des Art déco et des Métiers d’Art pour les ambiances. Je regarde pas mal du côté des ateliers d’art de France, je regarde ce qui se fait. Je m’intéresse aussi au Kraft project. Il regroupe des artisans de France qui ont un savoir-faire et qui produisent de très belles pièces avec des matériaux de qualité. Je dirai que mon style s’inspire de la nature.
Avez-vous des recommandations de comptes Instagram ou Facebook que vous aimez particulièrement ? (que ce soit des marques ou des individus)
J’aime bien “petite friture” qui regroupe pas mal de designers dont Constance Guisset que j’apprécie et que je recommande.
Enfin, que pensez-vous du Pegboard et du design modulaire ? Faut-il préférer un objet mono fonction ? Ou le multifonction apporte-t-il des solutions en phase avec nos modes de vie ?
Je me dirige vraiment vers le multifonction. Je pense que les personnes se lassent vite d’un objet. Il faut que cela bouge mais sans avoir à racheter le même. Donner la possibilité aux personnes de garder un peu plus longtemps le mobilier qu’ils achètent, tout en le personnalisant et en le réinventant au fil des années c’est super ! Je le vois avec la gamme Sarù, il y a une question de rangement qui fonctionne bien. Je pense que c’est assez essentiel de pouvoir faire du mobilier évolutif.
Propos recueillis par Clara Didier
Mise en forme par Coralie Mottu